Machines
Commissaire : Bernard Lamarche
Artistes : Martin Boisseau, Michel de Broin, Robert Saucier, Claire Savoie
16 octobre 1998 - 28 novembre 1998
Vernissage : 15 octobre 1998, 17 h 30
Avec cette exposition, la Galerie de l’UQAM inaugure un programme de soutien au « premier commissariat », qui a pour but d’assister un·e historien·e, théoricien·e ou critique d’art, dans sa première expérience de préparation et de mise en vue d’une exposition. C’est Bernard Lamarche, auteur d’un mémoire de maîtrise déposé à l’Université de Montréal ayant pour titre Marcel Duchamp, vite. Les valeurs théoriques et pragmatiques dans le corpus duchampien qui signe, pour la Galerie de l’UQAM, son « premier commissariat ».
Son projet d’exposition vise à raviver un mythe plastique et littéraire du début du XX° siècle, celui de la « machine célibataire », thème repéré par Michel Carrouges (1954) dans le Grand Verre de Marcel Duchamp et la machine telle que formulée par Kafka (Dans la colonie pénitentiaire). Il s’agira moins de montrer en quoi les oeuvres sélectionnées pour cette exposition sont exemplaires de ce mythe, que d’opposer à la machine parfaitement réglée, performante, des machines exploitant un pathos singulier qui les pose comme déficitaires affectivement, dans leur démarche à vide, incapables de produire autre chose que leur propre vulnérabilité. Carrouges définissait la machine célibataire comme « une image fantastique qui transforme l’amour en mécanique de mort ». Si la dimension mortifère est métaphoriquement implicite dans les oeuvres de l’exposition, le clivage sexuel propre à la machine célibataire sera évincé pour permettre à une série de mouvements désirants de prendre place à travers un machinisme littéral et non plus ravalé au plan iconographique ou symbolique, comme dans le Grand Verre de Duchamp.
Il s’agit de proposer une lecture qui exalterait le caractère machinique de ces œuvres, sans pour autant passer du côté de l’art à proprement parler cinétique. De ce point de vue, le mouvement commun à toutes les oeuvres sera moins important que la chorégraphie singulière de chacune des machines en présence, par la mise en relief de leur quincaillerie organique. Afin de se débarrasser du réflexe qui pourrait niveler le commentaire à ne voir que des variations sur le thème du ludique, ces automates ont également été choisis pour leur manière d’amener l’intime au rang de spectacle. Ces machines possèdent une conscience de l’autre (du spectateur) qu’elles prennent en compte, comme repoussoir.