Enrique Ramírez. Êtres/lieux

En collaboration avec l’École nationale supérieure de la photographie (Arles, France)

Commissaires : Marta Gili, Louise Déry

Artiste : Enrique Ramírez

5 novembre 2021 - 18 décembre 2021

Vernissage : 4 novembre 2021, 17 h 30

La Galerie de l’UQAM accueille la première exposition individuelle d’Enrique Ramírez au Canada en collaboration avec l’École nationale supérieure de la photographie (ENSP) d’Arles (France). L’artiste chilien pose un regard sensible sur certains enjeux biopolitiques liés aux évènements survenus lors de la dictature de Pinochet et aux politiques migratoires actuelles, vus à travers le prisme de la mer et de la disparition.

L’exposition

« Comment rappeler le passé sans le rééditer au présent ? Comment aller de l’avant et comprendre ce qu’on laisse derrière soi ? Comment rendre leur dignité aux corps de la précarité ? ». Voilà les questions sur lesquelles se penchent les commissaires de l’exposition Êtres/lieux, mettant de l’avant une douzaine d’œuvres de l’artiste Enrique Ramírez sur le thème de la mer et du déracinement.

Né au Chili en 1979 sous la dictature de Pinochet, Ramírez évoque dans son travail les corps de personnes disparues, tuées par le régime de l’époque et souvent jetées à la mer. En l’absence de tombes et de sépultures pour pleurer ces vies enlevées dans la terreur, la mer devient un lieu de mémoire et de deuil. L’exposition fait également référence aux politiques et enjeux migratoires actuels, alors que la mer se transforme en une sorte de limbes où les droits civiques sont réduits à néant.

C’est au moyen de vidéos, d’images, de textes, d’objets et de présence sonore d’une grande force poétique qu’Enrique Ramírez explore ces préoccupations. L’artiste, qui jouit d’une importante reconnaissance internationale, présente  notamment la vidéo Los durmientes (2014), une triple projection de taille monumentale qui met en lumière un épisode troublant de la dictature chilienne, où certaines victimes étaient lancées à la mer du haut des airs, ligotées à des traverses de chemin de fer. Le titre de l’œuvre, en espagnol, se traduit à la fois par « les dormant·e·s » et « les traverses de chemin de fer ».

Extrait du texte des commissaires :
« Devant ses œuvres, nous regardons dans l’instabilité des vagues et entendons dans le bruissement du vent des êtres qui nous paraissent de nulle part, au péril d’une disparition qui les laisserait sans image, sans visage. Pourtant, l’artiste s’emploie à faire briller, selon ses propres mots, « des millions d’étoiles au fond de la mer ». Il transforme le risque du naufrage et de la perte en une image d’espoir et un lieu d’humanité. »

À propos de l’artiste

Enrique Ramírez est né à Santiago du Chili. Il vit et travaille à Paris et à Santiago. Il a étudié la musique populaire et le cinéma au Chili avant de rejoindre en 2007 le Fresnoy – Studio national des arts contemporains (Tourcoing, France). En 2013, il a remporté le Prix des Amis du Palais de Tokyo (Paris) et, en 2014, le Prix LOOP Fair (Barcelone). Enrique Ramirez a exposé au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou, à l’Espace Culturel Louis Vuitton et le Grand Café à Saint-Nazaire, en France; à la IX Bienal international d’art de Bolivie; au Museo Amparo, Puebla, Mexique; au Museo de la Memoria y los Derechos Humanos, Santiago, Chili; et au Centre Culturel MATTA, Buenos Aires, Argentine. En 2017, il participe à l’exposition Viva Arte Viva de la 57e exposition internationale de la Biennale de Venise. En 2020, il a été finaliste du Prix Marcel Duchamp (Paris). À l’été, son exposition Jardins migratoires à l’École nationale supérieure de la photographie, faisait partie de la programmation des Rencontres de la photographie d’Arles. L’artiste est représenté par la galerie Michel Rein (Paris, Bruxelles) et par la galerie Die Ecke Arte Contemporáneo (Santiago).
enriqueramirez.net

À propos des commissaires

Louise Déry, titulaire d’un doctorat en histoire de l’art, est directrice de la Galerie de l’UQAM et professeure associée au Département d’histoire de l’art de cette université. Auparavant conservatrice au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée des beaux-arts de Montréal et directrice du Musée régional de Rimouski, elle a été commissaire de nombreuses expositions incluant Giuseppe Penone, Rober Racine, Sarkis, Nancy Spero, Dominique Blain, Françoise Sullivan, Michael Snow, Aude Moreau ou Emmanuelle Léonard, pour ne citer que ces exemples. Elle a été commissaire d’une trentaine d’expositions d’artistes canadiennes et canadiens dans plusieurs pays, dont une douzaine en Italie où elle a notamment collaboré avec Sala Uno, La Nube di Ort et RAMradioartemobile. Elle a été commissaire du pavillon du Canada à la Biennale de Venise avec une exposition de David Altmejd (2007) et lors des Biennales de Venise de 2013 et 2015, avec des performances de Raphaëlle de Groot et de Jean-Pierre Aubé. Louise Déry a obtenu le premier prix de la Fondation Hnatyshyn pour l’excellence de son commissariat (2007) et le Prix du Gouverneur général du Canada (2014). Elle est membre de la Société royale du Canada, Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de France et compagne dans l’Ordre des arts et des lettres du Québec. Elle vit à Montréal.

Née à Barcelone, Marta Gili a obtenu en 1980 un diplôme en philosophie et en science de l’éducation à l’Université centrale de Barcelone. Gili a organisé et/ou commissarié de nombreuses expositions monographiques et thématiques, tant dans le domaine de la photographie, de la vidéo que de l’art contemporain, et a dirigé plus de 300 ouvrages consacrés à des artistes historiques et contemporain·e·s, ainsi qu’à des expositions thématiques. Elle a aussi participé à plusieurs séminaires et conférences, et dispense des cours dans des institutions d’enseignement supérieur en France, en Espagne et à l’étranger. Ses textes ont été publiés dans plusieurs monographies d’artistes et ouvrages théoriques. Elle a dirigé le Département de photographie et arts visuels de la Fondation La Caixa (Barcelone) de 1991 à 2006 et a été directrice de la Galerie nationale du Jeu de Paume (Paris) de 2006 à 2018. Depuis 2019, elle dirige l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (France). En 2013, elle devient membre du conseil consultatif artistique du Museo nacional centro de arte Reina Sofía (Madrid). Elle a reçu en 2019 la décoration comme Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres de France.

Catalogue à paraitre

Cet ouvrage accompagnera l’exposition Enrique Ramírez. Êtres/lieux et sera coédité par la Galerie de l’UQAM (Montréal) et l’École nationale supérieure de la photographie (Arles). Trilingue (français, anglais et espagnol), il comprendra une documentation complète de l’exposition montréalaise et de son itération française présentée sous le titre de Jardins migratoires à l’ENSP à l’été 2021. On y retrouvera également des essais de Marta Gili en dialogue avec Enrique Ramírez, de Louise Déry sur le concept d’image manquante ainsi que de Nelly Richard, théoricienne culturelle chilienne et spécialiste de l’art contemporain pendant et après le régime dictatorial de Pinochet. Sa parution est prévue pour 2022.

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