Guy Laramée. BIBLIOS : le dernier livre
Finissant de la maitrise en arts visuels et médiatiques, UQAM
Artiste : Guy Laramée
27 février 2004 - 3 avril 2004
Vernissage : 26 février 2004, 17 h 30
La Galerie de l’UQAM présente BIBLIOS : le dernier livre, de Guy Laramée, du 27 février au 3 avril.
À l’hiver 2005, la Bibliothèque nationale du Québec ouvrira ses portes. Bien qu’on ait déjà annoncé la mort du livre, le mythe de la « connaissance-en-tant-qu’accumulation », lui, semble bien vivant. À l’heure où les technologies informatiques nous promettent une capacité de stockage et de traitement infinie, le rêve de Borges pourrait bientôt se réaliser. Le jour est peut-être proche où nous pourrons tout conserver :
« […] Tout : l’histoire minutieuse de l’avenir, les autobiographies des archanges, le catalogue fidèle de la bibliothèque, des milliers et des milliers de catalogues mensongers, la démonstration de la fausseté de ces catalogues, la démonstration de la fausseté du catalogue véritable […]. » (Borges : La bibliothèque de Babel)
Ayant étudié l’anthropologie depuis déjà un moment, et ayant donc passé passablement de temps dans les livres, Guy Laramée s’interroge sur ce mythe de la « connaissance-accumulation » et explore l’autre versant de la connaissance : la « connaissance-érosion ». Les Indiens l’ont compris depuis longtemps, comme en témoigne la popularité du dieu Shiva (le destructeur) dans la mythologie hindouiste : pour créer, il faut détruire.
« … bien que ma recherche sur l’érosion des cultures soit en quelque sorte à l’origine de ce travail, j’ai vraiment été catapulté dans ce projet à la suite d’une « série noire » d’événements qui sont venus m’empêcher de continuer mon travail. À trois reprises, le disque dur de mon ordinateur a flanché, emportant la première fois plus de quatre années de travail. Puis une étrange maladie s’est attaqué à ma bibliothèque : mes livres ont commencé à avoir des trous; à l’heure qu’il est, il n’est pas un livre de ma bibliothèque qui soit encore lisible », déclare l’artiste.
Ce fut un mal pour un bien, car entre les pages trouées de ces livres, il découvrit les lambeaux de L’Histoire des Biblios. Celle-ci raconte le triste sort d’une civilisation qui vivait dans les livres et qui creusait ceux-ci pour connecter les mots les uns aux autres. Or, un jour, les livres qui leur donnaient asile devinrent si fragiles qu’ils finirent par leur tomber sur la tête. Les Biblios moururent écrasés sous le poids de leurs connaissances.
« Puisque aujourd’hui j’ai tout perdu, raconte Guy Laramée, je consacre mes journées à reconstituer l’histoire des Biblios. Outre le conte qui tient lieu de reposoir à leur histoire, je reconstruis des artefacts qui constitueront – pour un certain temps, je l’espère – le Musée de Biblios. Je ne sais pas pendant combien de temps je pourrai poursuivre ce labeur, puisque chaque jour la Maladie du Trou menace de s’installer dans le Musée. J’ai peur qu’un jour la maladie finisse par s’en prendre à moi. Combien de temps me reste-t-il? »