daprèsle­dépeupleur

Commissaire : Michèle Thériault

Artistes : Guy Pellerin, Jana Sterbak, Smith/Stewart, David Tomas

16 janvier 2002 - 23 février 2002

Vernissage : 15 janvier 2002, 17 h 30

L’exposition est inspirée d’un récit de Samuel Beckett intitulé Le Dépeupleur. Paru en 1970, il a été traduit par l’auteur en 1972 sous le titre The Lost Ones. À l’invitation de la commissaire Michèle Thériault, quatre artistes — Guy Pellerin, Jana Sterbak, Smith/Stewart et David Tomas — ont fait une lecture du texte dans la langue de leur choix et réalisé une œuvre offrant une structure faisant écho à celle qui a cours dans le texte ou évoquant la texture de son processus, et dont la portée s’étend au-delà du littéraire.

Le Dépeupleur se rattache aux écrits de Beckett tels que Bing, Imagination morte imaginez et All Strange Away, par sa présentation d’un espace clos à la clarté fluctuante. Il s’inscrit aussi dans cette exploration de la dynamique de la vision et du regard que l’on retrouve dans Comédie, Film et Mal vu mal dit. Le récit décrit minutieusement l’intérieur d’un large cylindre aux parois de caoutchouc — ses dimensions, son éclairage, ses fluctuations de température, ses bruits — habité par deux cents corps humains. Ceux-ci, selon leur activité ou inactivité, sont ou bien chercheurs, sédentaires ou vaincus. Prostrés ou occupés à monter ou à descendre des échelles menant à un réseau de niches dans les parois du cylindre il ne semble y avoir aucune issue bien que le mythe de son existence soit entretenu. Aucune explication ne vient élucider les conditions extrêmes de cet univers.

daprèsledépeupleur/afterthelostones allie un récit au champ visuel sans chercher à illustrer une histoire. Cette œuvre de Beckett provoque une réflexion dans le champ visuel en évoquant tout un univers sensoriel dans lequel le pouvoir dominateur de la vision est détérioré et celui de la parole inexistant. Elle le provoque aussi par la notion très contemporaine de corporéité extrême qu’elle creuse et par le rapprochement suggéré entre l’immersion des corps à l’intérieur d’un cylindre et un environnement virtuel.

Les œuvres réalisées par les artistes invités explorent toutes ces pistes. Elles s’allient aussi à l’écriture beckettienne, non seulement dans la réflexion qu’elle porte sur la précarité et la force de l’existence, mais dans ses qualités profondément visuelles et sonores qui résident dans l’économie du mot, la rythmique des enchaînements et le tiraillement constant entre la clarté et l’obscurité.

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