Sébastien Cliche. La doublure
Finissant de la maitrise en arts visuels et médiatiques, UQAM
Artiste : Sébastien Cliche
19 octobre 2012 - 8 décembre 2012
Vernissage : 20 octobre 2012, 14 h 00
Dans la vie courante, la rencontre de deux étrangers provoque un malaise qui peut être partiellement résolu par des échanges. Habituellement cela se fait par un regard croisé et un sourire poli où chacun peut reconnaître en l’autre le caractère inoffensif et bienveillant. Présenté à la Galerie de l’UQAM, le projet La doublure de Sébastien Cliche, finissant à la maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, propose une rencontre où ce protocole de base n’est pas suivi.
La doublure
L’installation s’apparente à un laboratoire de psychologie où on observe un sujet à travers une baie vitrée, sauf qu’ici, la hiérarchie observateur/observé n’est pas établie. Qui observe qui? Quel est le rôle du spectateur si ce n’est d’assister au spectacle? Dans ce dispositif, l’observation réciproque réduit la distance entre le spectateur et le performeur. Paradoxalement, cette distance est augmentée par les conditions mêmes dans lesquelles se fait l’observation. L’installation devient alors un espace à occuper, à la fois libre et contraignant, où tous les éléments sont orientés de façon à ramener le spectateur à lui-même, à sa présence et au processus de construction du récit qui lui permettra de s’approprier cette expérience.
Le projet La doublure pose un regard critique sur la notion d’interactivité informatique en la transposant par analogie dans un contexte d’interactions humaines. Ainsi, l’idée d’un programme capable de tenir compte de l’input du spectateur prend forme à travers des protocoles et des règles destinés à être interprétés par un performeur. L’ensemble fonctionne comme un système d’enregistrement, d’encodage et de reproduction qui fragmente les actions du spectateur et les traite comme des informations indifférenciées.
Au théâtre, une doublure vient remplacer un comédien qui s’absente; au cinéma, elle se substitue à l’acteur pour le tournage de cascades. La doublure « prend la place de » ou « se fait passer pour ». Cette notion porte en elle l’idée d’une imposture. Mais qu’en est-il de la doublure interprétée par un performeur dans le contexte d’une installation comme celle dont il est question ici? Est-elle le double du spectateur dont elle reprend les mouvements ou serait-elle plutôt la doublure de l’artiste qui désigne des représentants pour prendre sa place face au spectateur? Peut-être remplit-elle ces deux fonctions en doublant un rôle qui n’a pas de matrice, si ce n’est le visiteur lui-même et les règles établies par l’artiste.
Sébastien Cliche
Prenant la forme de photographies, d’installations, de projets Web ou de performances audiovisuelles, les champs de création de Sébastien Cliche s’étendent au son, à l’image et au texte. Privilégiant l’angle narratif, il questionne les limites du récit et la place que le spectateur peut prendre dans sa construction. Sébastien Cliche est le lauréat 2012 de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain de l’UQAM.
Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions individuelles et collectives au Canada et en France, notamment au Centre Clark (Montréal); au centre Skol (Montréal); à la Galerie 101 (Ottawa); à l’Œil de poisson (Québec) et à l’Abbaye Saint-André, Centre d’art contemporain (Maymac, France). En 2007 il était commissaire de l’exposition itinérante L’Oreille dans l’œil montrée à Montréal, Ottawa et Québec. Lors du festival MUTEK de Montréal, en 2010, il a offert en prestation l’œuvre audiovisuelle L’inertie agitée. Tout récemment, son projet Web PAISAJES était au programme des 30e Rendez-vous du Cinéma Québécois. Plusieurs de ses œuvres font partie de la collection Prêt d’œuvres d’art du Musée national des Beaux-arts du Québec et de la Banque d’œuvres d’art du Canada.
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