Sak vid pa kanpe!

Troisième volet du projet QUADrature

Commissaire : Musée d’art actuel / Département des invisibles

Artistes : Francisco Gonzalez-Rosas, Marie La Vierge, Yonel Charles, Anahita Norouzi, Eliza Olkinitskaya

En ligne

14 janvier 2021 - 31 décembre 2021

Vernissage : 14 janvier 2021, 16 h 00

www.quadrature-galerieuqam.art

La Galerie de l’UQAM est heureuse de présenter le troisième volet de QUADrature, série de quatre expositions réfléchies expressément pour l’écran numérique : Sak vid pa kanpe! (Un sac vide ne tient pas debout !). Cette édition, dont le commissariat est assuré par le Musée d’art actuel / Département des invisibles, réunit les artistes Francisco Gonzalez-Rosas, Marie La Vierge et Yonel Charles, Anahita Norouzi et Eliza Olkinitskaya, dans un désir de souligner la dimension politique du corps, aussi bien par sa présence que par son absence. La Galerie pourra une fois de plus compter sur l’expertise du studio de design montréalais LOKI, chargé du design web de la série.

L’exposition

Le Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI) est un musée itinérant ayant pour mission d’activer la pensée critique en apportant une lecture plurielle et inclusive sur les enjeux actuels de l’art contemporain. En qualité de musée du XXIe siècle, le MAADI se veut avant tout un espace de réflexion sur le musée en tant que plateforme d’émancipation sociale et collective. En reprenant le proverbe créole Sak vid pa kanpe! (Un sac vide ne tient pas debout !), le MAADI présente la troisième exposition de QUADrature qui met en avant la dimension politique du corps comme véhicule porté par le désir de transformations sociales. L’exposition articule les recherches artistiques de Francisco Gonzalez-Rosas, de Marie La Vierge et Yonel Charles, d’Anahita Norouzi et d’Eliza Olkinitskaya dans une temporalité marquée par la présence et l’absence des corps.

Extrait du « Manifeste des inconnus »

« Nous déclarons ce lieu comme un espace de création collective où nous sommes tou·te·s égales et égaux.

Nous réclamons ici et aujourd’hui une libération culturelle et sociale qui met en valeur tout ce que vous êtes, oui, vous comme moi, avec votre unique et particulière couleur de peau.

Je suis terrien·ne et nous le sommes. Je suis ce que vous regardez, un homme noir, une femme blanche, un éléphant rouge, un quetzal aux mille couleurs. Je suis Méduse, avec mon regard perçant et mes mille têtes de serpent qui secouent la conscience de l’humanité.

Nous sommes les inconnu·e·s, les sans-chalets, les sans-papiers, les travailleur·se·s temporaires, les réfugié·e·s, les artistes, les racisé·e·s se portant à la défense d’une République aux accents multiples.

Je vous invite à nous rejoindre dans ce lieu sacré pour entreprendre une nouvelle révolution tranquille qui refuse la commodité monochrome de l’art.

Je vous invite à vous joindre à nous, pour qu’ensemble, nous réécrivions l’histoire de notre société, dans sa pluralité totale. »

À propos : commissariat

Le Musée d’art actuel / Département des invisibles (MAADI) dévoile les pratiques artistiques interdisciplinaires et interculturelles de l’art contemporain québécois et canadien, en incluant la composition plurielle ethnique de sa société. Lieu d’appartenance, il aspire à célébrer la diversité créatrice de Montréal, du Québec et du Canada, et assure la rencontre entre les artistes issu·e·s de l’immigration et des Premières Nations. Son objectif est de contribuer au partage du pouvoir entre les institutions artistiques pour démocratiser leur gouvernance et décoloniser les récits historiques de l’art, notamment à travers sa collection. L’artiste Stanley Février est le directeur général et conservateur en chef du MAADI, et l’historienne de l’art Nuria Carton de Grammont en est la directrice adjointe et commissaire.
mac-i.com

À propos : artistes

Francisco Gonzalez-Rosas est un artiste chilien qui travaille à l’entrecroisement de l’art médiatique et de la performance. Sa pratique combine performance, vidéo, son et installation, et explore les questions de la représentation, du genre, de la race, de la sexualité, de la culture numérique et de l’utilisation de la technologie. Gonzalez-Rosas est titulaire d’un baccalauréat en interprétation de l’Université Finis Terrae, à Santiago, au Chili, et d’une maitrise en arts visuels de l’Université Concordia, à Montréal. Son travail a été exposé en Italie, en Chine, aux États-Unis, en Pologne, au Chili, au Canada, en République tchèque et au Royaume-Uni.
franciscogonzalezrosas.com

Marie La Vierge est née d’une mère haïtienne et d’un père allemand, et a grandi à Montréal. Artiste, militante engagée et traductrice, elle a fait des études en philosophie et en anthropologie. La Vierge a fondé l’Association pour la protection des espaces verts de L’Île-Bizard et Solidarité Québec-Haïti. Elle a aussi cofondé Solidarité NABRO, un groupe de solidarité ayant soutenu une communauté anicinabe de la région de l’Abitibi contre la déforestation. Elle a également été intervenante pour le GRIS-Montréal (Groupe de recherche et d’intervention sociale) qui lutte contre l’homophobie, et elle a participé au mouvement Black Lives Matter à New York. Anarchiste anticoloniale, elle collabore depuis une quinzaine d’années avec divers groupes et initiatives montréalais qui militent contre le capitalisme, le racisme, le colonialisme, le patriarcat et les injustices sociales, et qui sont en faveur de la préservation de la nature, des personnes et des peuples. Elle est particulièrement passionnée par la situation politique et sociale d’Ayiti.
marielavierge.com

Né à Jakmel, en Ayiti, Yonel Charles est un chorégraphe, danseur, comédien et chanteur professionnel depuis plus de 23 ans. Il a étudié la danse auprès de Viviane Gauthier et du Ballet folklorique d’Haïti, de même que l’art dramatique au Théâtre national de Port-au-Prince. Son style chorégraphique est un croisement de danse traditionnelle ayitienne, de danse contemporaine et de théâtre. Au fil des années, il a participé à plusieurs évènements internationaux, notamment à la Karifiesta (Trinidad et Tobago), et à toutes les éditions de la Ghetto Biennale depuis 2008 (Jakmel, Ayiti). Charles est également un militant LGBTQ+ actif depuis plus de 20 ans. Il a fondé la compagnie de danse et de théâtre LGBTQ+ Marasa Rak, qui reçoit des gens ayant été expulsés de leur famille ou d’autres écoles. Il gère aussi la Peace House (Pétion-ville), un refuge qui accueille les personnes LGBTQ+ en détresse. Le refuge tient également lieu de compagnie et d’école où Charles enseigne les arts de la scène à ces jeunes, leur offrant l’occasion de s’exprimer, de bâtir leur estime de soi et de gagner leur vie.

Anahita Norouzi est originaire de Téhéran, en Iran, et vit à Montréal. Sa pratique interdisciplinaire convoque l’installation, la sculpture, la photo et la vidéo. Elle est notamment titulaire de diplômes universitaires en beaux-arts et en littérature française de l’Université Concordia, à Montréal. Depuis une dizaine d’années, elle voyage fréquemment entre l’Iran et le Canada pour mener ses recherches et poursuivre son travail, qui traite des problèmes de mémoire et d’identité d’un point de vue psychohistorique. Elle s’interroge activement sur les conditions dichotomiques qu’engendre son regard de citoyenne iranienne et observatrice distante de sa culture d’origine, à partir du Canada. Norouzi a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives à l’international. Elle a récemment exposé son travail en Allemagne, en Iran et au Canada. Elle a été finaliste du Prix Magic of Persia Contemporary Art, et ses œuvres ont été exposées au Royal College of Art de Londres et à Dubaï.
anahitanorouzi.com

Eliza Olkinitskaya est née à Moscou et vit depuis 2012 à Montréal. Diplômée du baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, elle se positionne comme artiste multidisciplinaire, dont le travail se déploie à l’intersection des domaines des arts visuels, du film d’animation et du théâtre. Olkinitskaya a, entre autres, exposé à la Galerie de l’UQAM, à GHAM & DAFE, au Magasin d’Arprim, centre d’essai en art imprimé et à la Maison de la culture Maisonneuve. En 2018, l’artiste a participé au Chantier de recherche sur l’image imprimée et photographique, une résidence collective à L’imprimerie, centre d’artistes. Puis, en 2019, elle a passé quatre mois dans le studio moscovite Tseh animatsii, lors d’une résidence à Noise-anima Lab. La performance Voilà ce qui fait ce bruit, résultant de cette dernière résidence, a été présentée à TSTI Fabrika (Moscou) à l’hiver 2020.
elizaolkinitskaya.com

Le projet QUADrature

QUADrature est inspiré de l’œuvre Quad (1980), de Samuel Beckett, une pièce écrite pour la télévision et mettant en présence quatre interprètes qui parcourent une scène quadrangulaire en effectuant différents trajets latéraux et diagonaux rigoureusement déterminés. Présentée pour la première fois en 1981 sous la direction de l’auteur, la pièce se caractérise par une facture sobre, dépouillée, voire abstraite; toutes les combinaisons possibles de déplacement sont exécutées par les quatre silhouettes anonymes qui évoluent d’abord seules, et qui finissent par se trouver réunies, se croisant sans se toucher, laissant le centre de la scène vide à tout instant. Le scénario original déployé lors de la première itération transmise par la télévision allemande a ensuite connu quelques variables, établies par Beckett lui-même.

Il faut noter l’impressionnante résonance qu’offre cette œuvre de Beckett avec la situation de pandémie mondiale que nous connaissons en ce moment. Du côté de Quad : l’écran télévisuel, le confinement à une surface précise, l’anonymat, les visages dissimulés, la répétition des parcours; du côté du contexte ayant motivé le projet QUADrature : l’écran numérique, le port du couvre-visage, les promenades routinières restreintes à des secteurs précis, la distanciation et l’absence de contacts physiques. Entre deux personnes, le centre est toujours vide. Beckett l’a qualifié de « zone de danger ».

Avec l’aide d’Anne Philippon et de Philippe Dumaine de la Galerie de l’UQAM, la directrice Louise Déry a imaginé QUADrature pour quatre commissaires invité·e·s à développer un volet du projet impliquant chacun quatre artistes. Ces expositions virtuelles seront déployées successivement au fil des mois, suivant les principes de la scénographie de Quad, pour être finalement réunies en une cinquième présentation anticipée comme une conversation globale qui mettra en présence le travail des quatre commissaires et des 16 artistes. Si QUADrature est conceptualisé pour l’espace virtuel, et si l’idée même de rature est mise de l’avant dans des formules commissariales qui laissent place au doute, à la forme de l’essai, à la possibilité de recommencer, nous nourrissons tout de même le désir d’adapter le projet aux espaces de la Galerie de l’UQAM dans le meilleur avenir possible afin de donner aux œuvres leur pleine existence matérielle et expérientielle.

En savoir plus

La première itération de Quad :
Samuel Beckett, Quad I+II, 1981, Betacam SP, PAL, couleur, son, Collection Centre Georges Pompidou, France

Dirigée par Samuel Beckett et transmise par la Süddeutscher Rundfunk d’Allemagne le 8 octobre 1981 sous le titre Quadrat I+II (2 scénographies différentes), avec une intermission devant durer 100 000 ans selon un commentaire de l’auteur pendant les répétitions.

Le texte
Samuel Beckett, Quad et autres pièces pour la télévision, suivi de L’Épuisé par Gilles Deleuze, Paris, Éditions de Minuit, 106 p., 1992

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