À l’écoute : « La Libellule » d’Amelia Rosselli par Anne Alvaro
25 Mai 2022
Dates : 20 mai – 23 juin
Lieu : Galerie de l’UQAM
Dans le cadre de l’exposition Zerynthia. Metamorphosis, le public peut découvrir un enregistrement audio intégral (44 min 17 s) de La Libellule d’Amelia Rosselli (1930-1996). Ce long poème, traduit en français par Marie Fabre, est publié et enregistré à l’initiative d’Ypsilon Éditeur à Paris. Lue par l’actrice Anne Alvaro, l’œuvre est présentée en première mondiale à la Galerie de l’UQAM, en collaboration avec Ypsilon Éditeuret l’Istituto Italiano di Cultura de Montreal (section culturelle du Consulat général d’Italie à Montréal). L’enregistrement audio est également rendu disponible à cette même occasion sur SoundCloud.
L’expérience d’écoute et de lecture de La Libellule s’offre tel un aparté à l’exposition, exaltant la dimension poétique de la métamorphose présente dans les œuvres. Par sa métrie inédite et son maniement de la langue, le poème d’Amelia Rosselli s’articule en un mouvement rotatoire semblable à celui des ailes de la libellule. Porté par la voix d’Anne Alvaro, cet assemblage du texte en un flux hypnotique, mais maitrisé, prend alors tout son sens. La prouesse de la traduction de Marie Fabre mérite également d’être soulignée et peut s’observer au sein de la publication d’Ypsilon Éditeur grâce aux deux langues, l’italien et le français, qui se côtoient à travers les pages.
Le public est invité à se recueillir dans la salle d’écoute de la Galerie et à s’imprégner de toute la force de ces paroles – celle de Rosselli, mais aussi celle d’Alvaro et de Fabre – qui se déploient en chœur.
À PROPOS D’AMELIA ROSSELLI
Fille de l’Italien Carlo Rosselli et de l’Anglaise Marion Cave, Amelia Rosselli nait en 1930 à Paris, durant l’exil de son père, militant antifasciste cofondateur du mouvement Giustizia e Libertà. Après l’assassinat de son père par les fascistes de la Cagoule, la famille est ballotée de France en Suisse, de Suisse en Angleterre, puis aux États-Unis, où Amelia Rosselli se familiarise avec les grands noms de la littérature anglo-saxonne : James Joyce, Ezra Pound, Sylvia Plath. Plus que la littérature, c’est d’abord la musique qui la passionne. Après la guerre, à la mort de sa mère, elle se rend pour la première fois en Italie. Ce n’est que dans les années 1950 qu’elle décide de s’installer définitivement à Rome. Parlant et écrivant en français, en anglais et en italien, elle hésite longtemps entre les trois langues. Elle écrira finalement en italien et anglais (voir son recueil Sleep). En 1962, elle rencontre Pier Paolo Pasolini qui rédige une préface à ses poèmes, ce qui lui permet de publier Variazioni belliche chez Garzanti en 1964. Suivent Serie Ospedaliera, Documento, Appunti Sparsi e Persi, qui finissent de l’inscrire dans une modernité poétique, faisant d’elle l’une des voix les plus importantes de la poésie italienne de la seconde moitié du 20e siècle, associée à la « Génération des années trente ».
À PROPOS D’ANNE ALVARO
Anne Alvaro, née le 29 octobre 1951 à Oran, est une actrice française de théâtre et de cinéma. Elle a 3 ans lorsque sa famille quitte l’Algérie pour s’installer en France. Elle est âgée d’à peine 10 ans lorsqu’elle s’inscrit au Conservatoire de Créteil, la ville où elle a grandi. Elle prend goût au théâtre contemporain, intègre des troupes qui se constituent dans l’effervescence de Mai 68, et ne tarde pas à se faire un nom, travaillant avec les plus grands metteurs en scène, d’André Engel à Bob Wilson en passant par Alain Françon ou Georges Lavaudant. Elle fait sa première apparition à l’écran dans le Danton de Wajda en 1982 et on la retrouve dans les films très personnels de Raoul Ruiz (La Ville des pirates, 1983) ou Romain Goupil (La Java des ombres en 1983, seize ans avant À mort la mort !). Le grand public la découvre au cinéma en 2000 dans Le Goût des autres d’Agnès Jaoui. Là, encore, le théâtre n’est pas loin puisque Anne Alvaro y incarne une tragédienne qui bouleverse le spectateur novice Jean-Pierre Bacri. Sa vibrante composition lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 2001. Par la suite, elle continue de privilégier les planches, tout en participant à des projets cinématographiques originaux, tels La Part animale (2007), Le Scaphandre et le papillon (2007) ou encore Les Bureaux de Dieu (2008) de Claire Simon qui confronte des actrices aguerries à des non professionnelles. En 2010, elle rejoint Jean Dujardin et Albert Dupontel dans le film de Bertrand Blier : Le Bruit des glaçons.